avec Emmaüs/Scherwiller
Les meubles anciens de « seconde nature » voient
s’achever un cycle, celui où ils représentaient une valeur marchande et
affective. Les économies de toute une vie ont peut-être servi à acheter l’imposante
armoire de la grand-mère. Ne renferme-t-elle pas les souvenirs des piles de
draps ? Combien de copies à corriger sont-elles passées dans le bureau du
maître d’école ? Quels secrets ont séjourné enfouis dans le tiroir de la
table de nuit ?
Dans les stocks des Compagnons d’Emmaüs, le turn-over est
rapide : salle de vente puis entrepôt puis benne et destruction au bout de
quelques semaines pour ces meubles passés de mode. Pourtant l’état est correct,
la facture est belle et les patines à la cire ne redemanderaient qu’un coup de
chiffon pour retrouver le lustre du passé.
Mais la frénésie de la nouveauté à pris le dessus et le
verbe consommer se décline à tous les temps. Alors que faire de ces meubles en
bois, contenants, tiroirs, coffres et étagères qui ne contiennent plus que le
vide qui balaye les souvenirs ?
Opérer à un retour à la nature qui passe par un autre usage.
Le meuble est choisi pour les volumes vides qu’il offre, il sera jaugé,
manipulé et positionné de manière à pouvoir s’assembler et contenir de la terre.
Il n’est plus meuble, il est devenu support de plantation. Ainsi dans le monde actuel, les meubles se jettent alors que
le végétal s’achète… Qu’en aurait pensé nos arrières grands-parents ?
Les plantes sélectionnées par l’artiste proviennent d’une
jardinerie située au cœur d’une zone commerciale qui vend des centaines de
plantes allant de l’arbre au cactus et qui accueille la foule des jardiniers
amateurs qui ont besoin de ce contact avec le végétal pour se faire du bien. En
effet, notre relation au végétal est en pleine mutation et elle devient comme vitale
dans un monde aux valeurs virtuelles en pleine ascension.
C’est une nature mixée qui a pris place dans « Seconde
nature », les arbustes d’extérieur côtoient les médicinales et les plantes
d’intérieur se mélangent aux graminées et aux succulentes… En dehors de leur
aspect visuel, certaines plantes sont choisies pour un nom qui les humanise,
Innocence, Schizophragma … d’autres le sont pour leur nature aromatique
particulière, un thym au parfum de cumin, une armoise qui fleure le coca-cola,
un géranium mentholé …
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Enfin, l’artiste a tenu à la présence de plantes de
grand-mère comme la misère, l'asparagus et le cactus de Noël qui trônait sur la
commode chez Mémé Lina.
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